Juillet 2018 : nous retournons à Königstein avec Alexis.
Sur le chemin nous avons fait une halte à Térézin. Il s’agit ici d’une véritable ville, construite par les Autrichiens au 18ème siècle. C’est aussi une forteresse. C’était aussi un camp. Mais un camp de concentration. Pendant la seconde guerre mondiale, la ville a été vidée de ses habitants (expulsés) et transformée en camp de transit pour les Juifs d’Europe centrale, avant qu’on les envoie dans les autres camps, de concentration et d’extermination.
A l’été 2018, nous allons donc à Königstein pour la deuxième fois.
A cette occasion nous réécoutons le récit du grand-père. Un fait attire l’attention de Volodia : le père de Vladimir Gabine était général à Tachkent. Il a peut-être laissé des traces. Il faut vérifier. Sur le google russe, il tape son nom, son grade, Tachkent, Turkestan. Et, sur un site consacré à l’histoire militaire et l’armée tsariste en particulier, sort une courte biographie de Nikolaï Ivanovitch Gabbine (en fait le nom s’écrit avec deux –b-) !! Oui, il était bien général, général d’artillerie, mais il a servi plutôt en tant qu’ingénieur militaire dans cette colonie russe qu’était le Turkestan (conquis par les Russes au milieu du 19ème siècle). Il est indiqué qu’à partir de 1918 il a servi dans l’Armée rouge et est mort en 1940 à Moscou.
Mais si le père a survécu aux purges des années 1930, il est probable que le fils ait eu lui aussi la chance de passer à travers ces années terribles ! Peut-être a-t-il eu des descendants. S’il est resté à Moscou, ceux-ci, des petits-enfants plutôt s’il avait à peu près l’âge du grand-père, pourraient y demeurer encore.
Nous n’avons que son nom, mais la chance que ce soit un nom rare, avec ce double -b- qui est une orthographe très particulière.
Et cette fois, c’est l’annuaire téléphonique de Moscou qui nous apporte une surprise. Et laquelle ! En tapant juste ce patronyme Gabbine, on obtient une réponse : un certain Gueorgui Vladimirovitch Gabbine y figure à l’adresse Kirovogradskaja N°8. Et l’annuaire russe nous fournit même les dates de naissances des abonnés. Ce Gueorgui est né en 1933 !!! La piste se resserre : Gueorgui est bien le fils d’un Vladimir. Avec le nom de famille en plus, et son âge qui rend possible sa filiation, il est presque sûr que c’est notre homme, qui serait non un petit-fils mais le fils lui-même de Vladimir Gabbine ! Il ne reste plus qu’à lui téléphoner.
Etant donné son âge, il ne faudrait pas trop tarder. Néanmoins un an s’écoulera avant que Volodia, en octobre 2019 donc, passant quelques jours à Moscou, prenne son téléphone et compose le numéro.