2. On recherche un koenig...

Et nous, nous avions oublié même le nom exact de la forteresse où il avait été emprisonné dès août 14, et dont son évasion était je crois la plus rocambolesque.

- Koenigsburg? Non.

- Koenigsberg? Non plus, c’est l’ancienne capitale de Prusse, aujourd’hui Kaliningrad russe.

- Haut Koenigsbourg? Non, d’après Wikipedia cette forteresse n’a pas servi de prison pendant la Première guerre mondiale…

Il y a un koenig dans cette histoire, mais lequel ?

Extraits de mon journal, automne 2014

Je me souviens que le grand-père a été détenu dès le début de la guerre à la forteresse du haut-Koenigsbourg (si mes souvenirs sont exacts, mais je n’ai pas pour le moment trouvé trace sur internet de la fonction de prison du lieu à cette époque. A voir). Il avait fait en tout 2 ou 3 tentatives d’évasion, de différents lieux, toutes ratées. Papa les avait enregistrées sur notre magnétophone à bandes. Les bobines se sont perdues. Je me dis maintenant : quelle chance que mon grand-père ait été fait prisonnier ! Je ne serais peut-être pas là aujourd’hui s’il avait combattu ! Mais comme je regrette la perte de ces bandes ! Je crois que ces évasions étaient assez rocambolesques. Nous nous rappelons que lors de la première il est descendu le long d’une muraille au bout d’une corde, et que lors de la dernière il a pu fuir assez loin pour gagner la gare, mais au moment de prendre le train, il a été arrêté par les gendarmes car il avait oublié à la buvette un carnet, à cause duquel il a été identifié.

Je me rappelle aussi que grand-père Léon m’avait parlé à plusieurs reprises du camarade avec lequel il s’était évadé de la forteresse, un Russe nommé Gabine. Il disait « le Gabine », comme on dit en Lorraine (et dans d’autres régions rurales), pour parler de personnes familières.

Ce Russe, par la suite, au début des années 1920, avait envoyé une lettre au grand-père, lui décrivant la terrible situation en Russie à cette époque, la misère dans laquelle il vivait, et lui demandait s’il pouvait l’accueillir en France. Le grand-père lui avait répondu que ce n’était pas possible. Il m’avait montré cette lettre, qui malheureusement a été perdue depuis, et je l’avais vue encore plus récemment après la mort du grand-père. Connaissant à cette époque l’histoire tragique des années 1920-1930 en URSS, je m’étais dit que s’ils avaient su quel sort pouvait être réservé à cet homme certainement d’origine bourgeoise ou même peut-être noble, les grands-parents auraient réagi autrement. J’éprouvais même une sorte de culpabilité pour eux en imaginant ces événements.

Qu’est devenu cet homme dont le grand-père parlait avec émotion? Disparu sans doute au cours des grandes purges des années 1930…

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