25. Merci à nos lecteurs
Les réactions de nos amis qui ont lu le blog et nous ont fait part de leurs impressions nous ont encouragés dans la poursuite de sa rédaction. Nous les remercions ici chaleureusement.
Ils ont pu avoir une vision d’ensemble de cette histoire, quand nous, nous avancions en rassemblant les pièces d’un puzzle et en essayant sans cesse de nous mettre « dans la peau » des personnages. Ce regard plus distancié leur a permis de saisir des aspects qui apportaient encore, à nous les auteurs, plus de relief et de profondeur à nos personnages.
Françoise D.
Magnifique travail, récit très prenant jusqu’à la dernière page qui livre une des clefs du silence de Vladimir sur son camarade d’évasion. Mais je suis de l’avis de Véronique : pour cette génération qui a vécu sous une chape de plomb, tout ce qui avait trait au monde d’avant était souvent tabou. Et quand ce monde d’avant comprenait un épisode, même involontaire, dans l’empire du mal, il valait mieux l’oublier. Quant à avoir tissé des liens d’amitié avec l’un de ses représentants, le prix à payer pouvait être très élevé. Pas étonnant que Vladimir n’ait pas souhaité faire partager à ses enfants un souvenir aussi toxique.
Oui, tout cela laisse un goût amer. Une vie non pas tragique, comme pour des millions de ses contemporains, mais une vie triste, comme étouffée, confinée j’allais dire.
Mon père, dans ses 5 années d’oflag a fait une quantité de tentatives d’évasion. Il a failli réussir la dernière, à été ramené au camp puis expédié dans un camp de représailles. Je remercie le ciel de lui avoir donner des gardiens si efficaces, qui l’ont empêché de rejoindre la Résistance et de subir le sort de ton autre grand-père.
Après la lecture du chapître 23 : Ces photos sont incroyables. La dernière déborde de vie. Les deux prisonniers ont vraiment fière allure, sûrs d’eux, souriants.
Jacques F.
J'ai été sensible à la manière vivante et convaincante avec laquelle tu ranimes, Françoise, les personnages de Vladimir Gabbine et de ton grand père, l'officier d'extraction bourgeoise courageux mais hésitant et le paysan éveillé et déterminé, persuadés tous deux que leur devoir d'officiers résidait dans l'évasion.
J'ai admiré aussi la profondeur psychologique de tes analyses et supputations quant aux motivations possibles de Vladimir Gabbine et de sa famille, après que tu aies eu connaissance de détails sur son second mariage, malheureux.
C'est un véritable roman qu'on pourrait écrire là, et peut-être as-tu songé à le rédiger.
En tous cas, félicitations à tous deux pour l'esprit de suite et le talent de limier que vous avez déployés dans cette aventure finalement aussi émouvante qu'amusante.
Pouvoir faire cela aujourd'hui sans l'angoisse et la tension qui règnent parfois et régnaient généralement en d'autres temps dans ces recherches familiales, et ce avec la complicité efficace des moyens techniques modernes, c'est un véritable bonheur.
Katia, notre nièce d’Ukraine
Moi non plus, comme tante Françoise, je n’aime pas les livres ou les films sur la guerre. Mais ici tout est décrit de façon apaisée. Néanmoins l’émotion vous saisit, en imaginant cette forteresse avec ses froides casemates, ses rochers abrupts. Et comment pouvait-on fuir quand partout il y avait ces Allemands cruels ? Je me souviens que tante Françoise disait que même si elle n’aimait pas les films de guerre, elle avait aimé la série soviétique « les 17 instants du printemps » ; après avoir lu votre récit, j’ai envie de voir « La grande illusion ». Merci pour ce livre ; j’attends la suite...
Sylvain G.
J'ai achevé hier soir le récit consacré à l'évasion de ton grand-père maternel, Léon Dormois, lequel m'a vivement intéressé. Du beau travail dans l'ensemble quoique le montage final ne soit pas totalement exempt, selon moi, de quelques petits reproches, notamment quelques digressions çà et là qui m'ont parfois un peu déconcerté. Par ailleurs, la partie consacrée à l'évasion proprement dite est un peu frustrante car d'une briéveté exemplaire mais il était quasiment impossible de la développer plus avant avec le peu d'éléments dont tu disposais.
En revanche, la partie consacrée à l'enquête relative au destin ultérieur de Vladimir Gabbine m'a véritablement tenu en haleine et compense largement tout ce qui a pu auparavant ne pas rencontrer mon assentiment total. Mes compliments à l'Inspecteur Volodia, il a vraiment fait du bon boulot ! C'est vraiment extraordinaire d'avoir pu retrouver la famille Gabbine et son fils en particulier. Quel témoignage incomparable aussi bien sur le plan personnel qu'historique ! Il existait qu'un très faible nombre de chances de parvenir à une telle opportunité mais vous y êtes arrivés.
Christine C.
Le récit est intéressant et toujours bien illustré, l'écriture est fluide et j'ai suivi comme vous avec curiosité l'aventure de Léon et Vladimir
Quelle chance tu as eue que tes recherches aboutissent, en France comme à Moscou. Parfois, j'avais l'impression de lire une fiction mais comme tu m'avais raconté avec beaucoup d'enthousiasme cette histoire réelle, je me suis dit que j'avais envie de lire une suite.
Bravo à tous les deux. Le confinement vous a permis d'écrire une belle histoire en héritage, pour Alexis.
Un éditeur serait de mon avis.
Marie-Do B.
vendredi 1er mai 2020
Je viens d’achever le chapitre 21 ce qui m’incite à vous faire part de ma plus grande admiration pour ce récit passionnant que j’ai lu en échelonnant dans le temps l’impression des chapitres afin de faire durer le plaisir. La lecture de l’ensemble répond à des questions que l’on a pu se poser au début, en lecture fragmentaire : comme celle que j’avais soulevée sur la longueur du document historique sur les 3 jours au chapître 5 mais plus loin, en parlant de l’influence de l’école de Jules Ferry sur le nationalisme partagé par la génération de ton grand-père, on trouve réponse à la question : quel regard portait-il sur cette guerre que nous voyons maintenant comme une pure tuerie de masse.
On comprend aussi vu l’insertion de nombreux passages de documents historiques au fil de votre récit, qu’il y a une alternance de locuteur entre le « je »et ce « nous » qui nous semble être un « ils ».
Au chapitre 8, on accompagne votre admiration pour le courage et l’acharnement du grand-père, d’autant plus que les photos nous donnent à mesurer l’ampleur du défi !
Cela s’approfondit dans le chapître 9 grâce aux archives de la Croix rouge : ce n’est pas seulement Internet qui est épatant, c’est votre manière d’y chercher, et donc d’y trouver l’approfondissement en question. Tout au long de la lecture de votre récit, j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié cette mise en perspective de l’information par le cheminement explicite des enquêteurs, cela rend très vivant cet écrit.
L’émotion et le suspense me gagnent au chapître 11 : émotion devant les choix cruciaux mais aussi cruels il faut le dire, qu’imposent les temps de guerre et de vie confinée. C’est éprouvant, les choix n’en sont pas, les êtres, pris au piège des circonstances, font ce que la vie à ce moment là leur impose, des actes qu’ils pourraient regretter plus tard : mais alors, les circonstances auront changé, et il serait fallacieux de mesurer hier aux conditions d’aujourd’hui. Votre récit évite ce piège.
Le suspense encore me conduit au chapître13 : important, il met en évidence ce que l’on a appris par la suite, après l’idéalisation du régime soviétique, le règne de la peur et l’arbitraire des enfermements des contestataires, hélas.
Le chapitre 14 approfondit ces liens entre une histoire personnelle dont la quête est votre moteur, et l’Histoire et ses excès avec « sa grande H » comme l’écrit si justement Perec.
15 : c’est un chapitre qui gâte vraiment les lecteurs ; du tableau historique en passant par toutes ces photos et le portrait final, nous sommes vraiment en voyage dans des régions lointaines dont tout nous est inconnu ; lointain, superbe, déconcertant, on se dit que vous devez avoir envie d’y aller ! l’image finale du « paradis perdu » pour celui qui vous en a révélé l’existence confirme notre impression.
Le chapitre 16 qui nous fait avancer dans la compréhension de ce qu’a vécu Vladimir, nous permet aussi de prendre avec vous du recul sur le mystère de la lettre sans réponse, mystère douloureux mais encore une fois instructif sur le chamboulement des émotions et comportements en période de guerre.
Au chapitre 17 on en apprend beaucoup sur le régime de la Tchéka à travers le destin de Vladimir G mais aussi du malheureux frère de Kerensky. Beaucoup de questions prolongent la lecture de ce chapitre, bien sûr sur cette violence d’Etat, et sur les contradictions qui ont dû précéder cette période, en particulier entre l’Eglise et le peuple ?
Au chapitre 19 revient cette lancinante peur qui suscite toutes les censures, y compris dans la transmission du vécu à ses proches, la chappe de plomb. Je suis aussi sensible à un autre aspect : celui de la solidarité familiale fissurée par la crainte des conséquences d’un geste d’humanité. Cela me remet en mémoire un propos dur de ma mère qui disait que le malheur ne rapproche pas, il sépare ; cruelle expérience qu’elle a eue alors qu’elle a tout fait pour que notre famille vive l’inverse. Mais on mesure combien les circonstances jouent dans nos comportements et combien est fragile l’idée de liberté. Car dans ce récit d’enfermement, le courage du grand-père le libère de la prison mais non de l’idéologie nationaliste qui faisait s’exclamer à Apollinaire « Dieu que la guerre est jolie », absurdité s’il en est. Quant à Vladimir, c’est justement cette peur sinon même cette terreur qui l’enfermait.
Le rebond du chapître 20 sur les liens père-fils grâce à votre enquête, est proprement formidable ! J’y vois une dimension universelle au-delà de la dimension personnelle. Que de silences, de secrets de famille inexpliqués et comme cristallisés en glace, mais voilà qu’un regard extérieur survient, ici le votre avec votre amicale curiosité, et soudain le dégel arrive. Combien vivante et propagatrice de vie est votre enquête !
La provisoire conclusion du chapître 21est prenante et belle. Le lien rétrospectif sur ta présence à Moscou en 1977 au moment où tu aurais pu rencontrer Vladimir, puisque nécessairement enregistré (ce que l’on apprend si l’on n’est pas familier des pratiques administrativo-politiques de la Russie) et donc ce que tu aurais pu en connaître de plus… tout cela est le bien connu vertige du ET SI… mais il est bienvenu que vous n’y recouriez que dans ce dernier chapitre. La réflexion entrelacée sur l’enfermement du GP et de Vladimir, et la finalisation de votre écrit dans le contexte de ce confinement de 2020 est un moment de méditation que la lectrice encore confinée que je suis, partage totalement. Tout cela sonne très juste, et l’on mesure combien cette énergie a pu vous apporter de moments hors du temps bienvenus eux aussi pour sortir de l’étouffement.
Vassia C. (mon ancien élève et maintenant ami)
Je vous remercie de m'avoir permis de lire votre histoire qui m'a fait délirer; j'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé lire votre travail, c'était un moyen de vous connaître un peu plus d'abord, et de voir autrement une facette de l'histoire contemporaine de la Russie. C'était une lecture haletante et très émouvante, je ne sais pas, Vladimir et vous semblez avoir écrit avec tellement de sincérité que je vous sentais vibrer en lisant.
Comme vous dans le récit, je n'arrêtais pas de penser à"La grande illusion"! Et je suis assez frappé pour le curieux dénouement de l'histoire: dans les romans, dans les films, on voudrait que les deux héros se retrouvent, longtemps après. C'est ce qui arrive avec Jules et Jim ou dans Colonel Blimp dont les situations sont bien différentes. Mais dans votre récit, il y a quelque chose de terrible dans le fait que les deux héros, Léon et Vladimir, ne se retrouvent pas, ne s'écrivent plus. Il y a comme un trou noir inexploré et peut-être "inexplorable", un vrai mystère que vous pointez: au-delà de leur évasion et de la guerre qui les ont unis tous en les séparant, que se sont-ils dit, à quoi pensaient-ils chacun de retour dans leur pays ? Il y a quelque chose de terriblement humain dans leur séparation et leur éloignement, et je suis assez soufflé par votre constat des différences que chacun a vécu dans son pays et que l'autre a sans doute ignoré. C'est ainsi très fort de lire et mettre en parallèle ces deux destinées.
D'autre part, j'ai été aussi frappé par quelque chose, que je savais déjà mais que je ne m'étais jamais formulé ainsi ou que je ne m'étais pas raconté comme ça, qui est justement la différence des vies que Léon et Vladimir ont trouvé après la guerre. Comment dire: ils vivent la même merde et, une fois que la guerre est finie et qu'on espère vivre enfin, vivre mieux, vivre heureux, ce n'est pas du tout le cas, du moins pour Vladimir Gabbine. Comment dans un même monde peut-on vivre librement dans un pays et aussi contraint dans un autre ? Vous me trouverez bien naïf, mais c'est une question qui me hante tous les jours parce qu'elle se pose tous les jours, à travers tous les contrastes que l'on rencontre.
Comme vous l'aviez dit, l'histoire de Vladimir Gabbine explique beaucoup de choses aussi de la vie en Union Soviétique; et c'est assez rare pour moi de découvrir l'histoire de l'URSS autrement que par des films ou des livres, qui racontent quelque chose de la réalité, mais dont la vision peut être biaisée par le point de vue.
C'est une histoire qui ferait un vrai roman, un vrai film (une fiction ou un documentaire). En lisant, j'ai compris pourquoi vous étiez chaque fois en République Tchèque toutes les fois où je vous appelais ces dernières années. Je me disais: Françoise doit y avoir de la famille, des amis, ou bien même une datcha... Eh bien, d'une certaine manière, un peu les trois, n'est-ce pas ? Si Königstein peut-être considéré comme une datcha...
Je suis très heureux d'avoir lu votre récit et je vous encourage à le poursuivre puisqu'il est "à suivre"!
Anne-Marie A.
Je l'ai commencé aujourd'hui et je ne l'ai presque pas lâché, je ne vous ai pas quittés dans cette quête qui semblait vraiment difficile ...Tout m'a passionnée : l'idée de profiter du confinement pour écrire, le ton si juste, vos questions, vos réflexions, vos doutes, et le suspense, plaisir partagé quand vous avez des indices, des informations..... vous parcourez le siècle et les lieux. Vous donnez envie de faire des rencontres, de lire et de voyager.
Je le relirai avant de vous retrouver (grandi avec un grand-père gravement blessé en 1914-18) et j'ai apprécié lire aussi les commentaires des cousins et de vos amis, avec une "tendresse" particulière pour celui de "l'élève".