17. La famille Gabbine (presque) réunie

Gueorgui reprend l’histoire de la famille.

"Tout de suite après la fin de la guerre les prisonniers se voient offrir le choix de rester en Allemagne en tant que réfugiés, et on les laisse sortir librement de la forteresse.

Vladimir Gabbine doit donc choisir : rester en Allemagne, dont il connait la langue, mais avec le statut de réfugié, ses incertitudes, la solitude. Ou bien rentrer en Russie, retrouver la patrie, sa famille. Il ne pense pas à ce moment au nouveau régime, à la ruine que connait la Russie. Il choisit la Russie.

C'est en 1919 seulement qu'après une série de démarches, il arrive à Moscou, où vit déjà son père."

Le général Gabbine, en effet, a dû quitter précipitamment Tachkent en 1918 et il a fait venir sa famille à Moscou. Gueorgui me montre une photo datant du milieu des années 1920.

On voit le général, sa femme, ses trois filles et deux fils : Vladimir et Piotr, le frère aîné. Il avait le grade de capitaine et a combattu avec les Blancs au sud de la Russie, a été fait prisonnier et a accepté de servir dans l’Armée rouge. Jusqu’au début des années 1930, il est ingénieur militaire, auteur entre autres d’un type de pont provisoire dit « pont Gabbine »

Le second fils, Nikolaï, n’est pas sur la photo : il a émigré en Australie, après avoir lui aussi combattu avec les Blancs.

En regardant aujourd'hui la photo de cette grande famille réunie autour du vieux général, on a du mal à imaginer ce qu'il a dû traverser pour sauver sa vie et sa famille dans l'incendie de la Révolution.

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